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Simples points de vue sur la mort


Malgré que nous soyons tous, amis lecteurs, convaincus d'une survie effective des âmes désincarnées - je dis bien qu'il s'agit bel et bien d'une conviction bien ancrée et non d'un fabuleux et fallacieux espoir - il n'en reste pas moins que la mort, ce terme ultime mis à toute existence physique vécue ici-bas, constitue, bien qu'elle soit inéluctable (nous sommes tous des défunts en sursis...) une malédiction inexorable. Elle nous sépare des êtres chers, tire un trait sans recours aux projets qui nous tiennent le plus à cœur.

Au surplus, il est, hélas, indéniable qu'à d'assez rares exceptions (celles des sujets à qui échoit la bénédiction de s'endormir un soir comme d'habitude pour se retrouver doucement de l'autre coté), la transition se trouve bien souvent précédée ou accompagnée d'une expérience bien déplaisante, car source de souffrances terribles. Georges Barbarin avait certes écrit naguère ce livre consolateur « Le livre de la mort douce ». L'auteur y passait bien au-dessus (c'est du moins notre avis) de l'affreuse réalité humaine vécue.

Partant d'observations justes (sur le processus inconscient que constituent les si spectaculaires et impressionnantes convulsions de l'agonie), Barbarin en arrivait - conclusion bien plus contestable - à enseigner que toutes les morts s'effectuaient sans réelle souffrance, même celles les plus chargées d'horreur. Nous pensons personnellement, et la plupart d'entre vous seront de notre avis, qu'en de fort nombreux cas d'intenses et intolérables souffrances précèdent la transition. Il suffirait de songer à une horrible tache de notre histoire, les bûchers (qu'il s'agisse de ceux dressés pour les hérétiques ou pour les malheureuses victimes des procès en sorcellerie). Être brûlé vif constituait vraiment un supplice démoniaque, puisque les malheureux demeuraient conscients (et vivaient donc d'indicibles souffrances) pendant toute la durée du supplice jusqu'à ce que les centres nerveux fussent enfin détruits. On trouverait pleine confirmation de l'horreur de ces souffrances dans celles que vivent les grands brûlés (au troisième degré) transportés à l'hôpital.


Pourquoi la mort nous survient à telle date plutôt qu'à une autre? Et pourquoi se réalise-t-elle d'une manière déterminée?

Je ne pense pas qu'une inexorable fatalité y soit en cause. Si c'était le cas, nos vies seraient assimilables à celles de marionnettes, de lamentables pantins dont un montreur déciderait du moment où il en couperait les ficelles qui les manipulent. Tout aussi négative serait l'idée suivant laquelle chacun d'entre nous choisirait en toute liberté, en fonction de son passif karmique, la manière dont son incarnation présente va prendre fin. Idée monstrueuse même si un tel choix s'opérait de manière subconsciente et trans-cendante. Elle susciterait aussi, en de nombreux cas, réelle responsabilité : de quel droit une personne déciderait-elle, par exemple, de choisir sa mort dans un accident aérien ou ferroviaire où d'autres personnes subiraient, bon gré mal gré, le même sort tragique?


Un mot du suicide : a-t-on ou non le droit de mettre fin à ces jours? Un tel choix final sera assez rarement effectué dans un état de conscience totalement lucide. On remarquerait, à ce propos, que l'Église catholique avait fini par généraliser le cas de figure unique d'un acte commis dans un moment d'égarement ou de demi-folie qui, naguère encore, cosntituait la seule excuse rendant les obsèques religeuses possibles.

Je pense, malgré le fait que l'existence puisse devenir pour certains êtres plus dure à supporter que le choix volontaire de mourir, que le suicide constitue un geste d'une gravité extrême, car le chemin restant à parcourir pour l'âme-personnalité sur son cycle terrestre ne saurait être abrégé. Les épreuves seront à recommencer tôt ou tard jusqu'au moment où la dette karmique aura enfin pu être réglée.

En revanche, je ne pense absolument pas que, lorsqu'il arrive dans l'au-delà, le suicidé soit puni ou mis sévèrement à l'épreuve par un redoutable tribunal d'outre-tombe. C'est totale erreur, à mon avis, de se représenter les Maîtres cosmiques, les guides (leur désignation peut varier) comme des sortes de gendarmes célestes châtiant sans pitié les âmes désincarnées rétives, voire prenant la décision de les forcer à accepter en fin de compte une réincarnation malheureuse ou ratée. La loi du karma - celle d'action et de réaction - joue d'une manière inflexible certes, mais toute impersonnelle dans son jeu. Elle ne devrait pas davantage se trouver personnalisée (que ce soit en postulant d'hypothétiques « Seigneurs du Karma », ou de toute autre manière) qu'on le fait pour la gravitation ou pour toute autre des lois générales du cosmos.

Il est certes difficile à beaucoup de s'affranchir de l'image courante d'une rétribution d'un tribunal d'outre-tombe, infligeant même des supplices infernaux si besoin est. Souvenons-nous de cette si pertinente formule due à Emmanuel Swedenborg[1] : " Ce n'est pas Dieu (et j'ajouterais : ou des puissances surnaturelles subordonnées) qui précipite des damnés en enfer. Ce sont eux qui y des-cendent eux-mêmes ".

Quant à la notion traditionnelle du jugement (ou pesée) des âmes suivant leurs mérites ou démérites, ne devrait-on pas déclarer qu'en fait ce sont les âmes (plus exactement, leurs parties supérieures, célestes, christiques) qui se jugent elles-mêmes?

Une analogie familière me revient maintenant à l'esprit. Laquelle? Celle si volontiers faite entre le sommeil et la mort. On dit que cette dernière serait assimilable à un très long sommeil sans rêves. Personnellement, je la verrais plutôt (et cela rejoindrait en fait les révélations contenues dans le Burdo Thödal et autres Livres des Morts) semblable, pour ce qui concerne au moins les débuts (pouvant être fort prolongés en fait) de l'existence post-mortem avant la lente progression des âmes à travers les sphères supérieures du monde invisible et ressemblant plutôt à un sommeilpeuplé de rêves. Ces derniers seraient évidemment en relation directe avec l'état d'avancement où se trouvait parvenue l'âme au moment de passer de l'autre côté. De toute évidence, un génie scientifique et un débile mental, un être foncièrement malhonnête et un saint homme ne feront pas les mêmes rêves après leur transition.

Il ne faudrait pas manquer de rappeler aussi à ce propos que, si l'âme désincarnée a certes perdu son enveloppe physique, le corps astral (qui régit l'imagination) subsiste, lui. D'où possibilité d'éprouver, exactement comme dans les rêves, toute une gamme possible d'expériences purement psychiques mais qui se trouveront vécues par le sujet avec autant d'intensité que celles de l'état de veille.


Pour terminer, il ne faudrait pas omettre de toucher aux diverses modalités et coutumes adoptées pour les funérailles. À mon avis, toutes ces coutumes, tous ces choix personnels sont légitimes suivant les cas, qu'il s'agisse de l'ensevelissement, de l'incinération ou (modalité bien plus rare et extrêmement coûteuse) de l'embaumement. Nul choix ne serait contestable.

À propos de l'embaumement, j'ai une conviction personnelle bien arrêtée. Laquelle? Celle selon laquelle et aussi perfectionnée qu'elle ait pu l'être en Égypte (et ailleurs aussi), la technique de la momification correspondrait en fait à la dégénérescence séculaire d'un savoir funèbre initial où les cadavres n'étaient pas du tout réduits à l'état de momies toutes désséchées mais se trouvaient conservées en leur état étonnamment intact. On avait parlé il y a une bonne quinzaine d'années, je m'en souviens, des « momies » découvertes dans une sépulture chinoise archaïque et qui semblaient sortir du sommeil.

Il se peut que cette technique, je dirais (pour simplifier les choses) d'une « momification » jadis parfaite se soit longtemps perpétuée incidemment et dans le plus grand secret. Au XVIème siècle, on découvrit à Rome la tombe - qu'éclairait une lampe funéraire dont l'huile brûlait encore - de Tullia, la fille bien-aimée de Cicéron, morte toute jeune fille. Son corps, totalement intact, semblait tout prêt à se réveiller. D'où la décision que prit le pape d'alors : craignant l'éclosion d'un culte populaire d'adoration de la jeune fille si merveilleusement conservée intacte, le souverain pontife fit procéder à une nouvelle inhumation de celle-ci en un endroit tenu secret.

Un problème (mais nous touchons alors aux marges de la scien-ce fiction) se poserait sans nul doute à propos de l'éventuelle réussite de l'hibernation artificielle d'un corps humain demeuré intact. L'âme qui l'animait poursuivrait-elle librement son cycle personnel d'évolution (pour ses réincarnations successives entremêlées des périodes vécues dans les sphères de l'au-delà), ou bien, lorsque serait procédé (au bout du laps de temps fixé par le testateur) au réveil du corps mis en hibernation, son âme-personnalité se trouverait-elle obligée de réintégrer dare-dare ladite enveloppe physique? Signalons, à titre de curiosité, qu'il existe déjà une méthode - celle réalisée par cryogénisation du corps plongé dans un liquide spécial - qui équivaudrait à rendre possible l'effective hibernation artificielle d'un décédé. Parmi les premiers défunts qui ont demandé à bénéficier, à leur mort, de cette technique de la cryogénisation, il y eut - souvenez-vous - une personnalité américaine[2] de premier plan : Walt Disney. Quel laps de temps a-t-il été fixé - j'avoue l'ignorer - pour s'écouler avant le jour fatidique où il serait procédé au réveil de son corps en hibernation?


[1] je cite de mémoire

[2] il s'agit bien entendu et pour être précis d'un ressortissant des Etats-Unis (NDLR).

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mardi 19 mars 2024